STANCES DE LA FORET
IV
Beau tronc, sur toi combien périrent de saisons ?
Aujourd’hui comme un front hanté par cent pensées
Tu vieillis lentement et fais des oraisons
Des cœurs mourants, des mains jointes et traversées.
Comme l’homme accablé n’abdique pas l’espoir,
Aux oiseaux éblouis que recèlent tes branches
Tu fais l’annonce encor de la douceur du soir
Et recueilles leurs chants jusqu’aux bras que tu penches.
Et comme l’homme trouve aux heures de la nuit
Motif à déployer enfin ses ailes mortes,
A l’instant de toucher terre, immortel, tu portes
La survivance en toi de ton dernier beau fruit.
Jean-Charles Pichon
Redon Avril 1942